20 Apr

Au fil du vent dans les îles de la Société

Publié par Cécile et Damien

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Après nos 4 mois de robinsonnade hyperbare aux Tuamotu, nous devons prendre le chemin de Tahiti, car bientôt la saison cyclonique s’achèvera et nous permettra de poursuivre vers l’Ouest, les Tonga, Fiji, etc., un beau programme !

Nous allons donc atterrir à Papeete, sur l’île de Tahiti, où nous redécouvrons la grande ville, avec ses bons aspects (le fromage, enfin, l’approvisionnement, pardon !), et les moins bons (pollution en tout genre). On arrivera quand même à mettre la tête dans l’eau, et rencontrer de près le requin Tigre (avec quelques kilos de têtes de poissons pour aider, oui, on a assisté à du feeding, pas beau ça…).

On passera 3 semaines à Tahiti, tout le mois de février 2017. C’est beaucoup et on a déjà pu constater cette sorte d’enlisement que provoquent les centres urbains sur notre voyage… Comme si la civilisation tentait de nous phagocyter à chaque fois qu’on passe à proximité, nous attirant par ses lueurs enchantées !

La suite de notre navigation en Polynésie française est un grand classique au fil du vent, réalisé durant les mois de mars et avril 2017.

D’abord Moorea, juste à côté, et pour nous l’occasion de gravir le Mont Rotui, 899 mètres de crêtes furieusement raides, on avoue avoir été très content d’en sortir… La baie d’Opunohu en dessous est magnifique, et offre un de nos plus beaux paysages de Polynésie.

Une journée de navigation nous emporte ensuite à Huahine, une île préservée, dont la découverte en scooter apporte son lot de merveilles, étonnamment nombreuses pour la taille de l’île. C’est ainsi que nous découvrons de belles anguilles aux yeux bleus, ou encore que nous rencontrons Teiki, l’un des rares navigateurs polynésiens capable de naviguer aux étoiles pour traverser le grand Pacifique, tels ses ancêtres voici des milliers d’années…

S’ensuivent Raiatea puis Tahaa, deux îles très belles et préservées à nouveau, mais pour lesquelles nous n’aurons pas développé d’affinités particulières, mais on a pu s’y approvisionner en vanille, la meilleur du monde parait-il.

Enfin arrive Bora Bora, la plus célèbre, la plus envahie par l’hôtellerie de luxe , bref, celle qu’on était sûrs de détester ! Mais on a quand même essayé… Eh bien, nous voilà bons pour un bon mea culpa : tout au bout du lagon, on a trouvé un mouillage superbe, calme, et à 2 pas d’un jardin de corail plus beau que dans le reste de l’archipel, celui du motu Tautau de Tahaa inclus ! Et ne parlons pas des rencontres superbes avec les raies mantas, très joueuses, très belles, pour n’en dire que cela… Bref, une belle surprise !

Nous partons ensuite pour Maupiti, dont la passe à une très mauvaise réputation : le courant en sort en permanence, et il a déjà piégé dans le lagon des voiliers durant plusieurs semaines ! Pour nous, les conditions bien attendues étaient parfaites. La vue depuis le sommet est absolument époustouflante, les bleus du lagon et du large se mêlent aux verts de la végétation, c’est fabuleux !

Avant de partir pour la toute dernière étape de notre navigation polynésienne, Mopélia, nous chargeons sur le voilier diverses choses : une brouette, des fruits, de la viande, etc. Ce sont des envois par « bateau stop », déposés par les proches des gens qui vivent là-bas. Car aucun cargo ne s’y rend, excepté une goélette une fois tous les 9 ou 10 mois pour récupérer le coprah produit sur place… Autant dire qu’il ne faut pas oublier la roue de la brouette par exemple, comme c’est arrivé dans notre cas ! Autrement, certains font parfois le trajet en petit bateau à moteur, ce qui nous hallucine complètement, à la pensée qu’ils franchissent 180 kilomètres en plein océan, parfois sans GPS, et toujours sans radio !

Ah, et on ne vous a pas dit, mais si la passe de Maupiti est mal réputée, c’est le lac d’Annecy en comparaison avec Mopelia : là-bas aussi, la mer sort tout le temps de l’atoll, mais plus fort, et avec du courant traversier, dans une passe de 10 mètres de large… A notre arrivée, la houle a beaucoup augmentée durant la nuit, et nous avons atteint la vitesse ridicule de 1 km/h avec notre moteur poussé à fond, l’angoisse de se dire qu’on va rester dehors… Enfin, ça fini par passer, et c’est le soulagement !

Une fois débarqué les affaires pour les habitants, on retrouve un atoll typiquement Tuamotu, et nous pourrons de nouveau à loisir cueillir des cocos à boire, à manger, pêcher, etc. La liberté retrouvée ! L’endroit est parfois baptisée l’île aux oiseaux, et en effet le motu Manu est une concentration phénoménale de sternes, frégates, fous, paille-en-queue, etc.

Finalement, après avoir attendu le bon créneau météo, nous quittons ce dernier petit bout de Polynésie française le 20 avril, pour nous rendre sur un autre atoll (on aime ça !), Suwarrow, là où le mot « isolement » prend tout son sens : aucune autre terre habitée à moins de 400 kilomètres ! Pour parcourir les 600 milles nautiques (un peu plus de 1000 kilomètres) qui nous en séparent, 5 jours seront nécessaires, si le vent nous est favorable bien sûr !